-
Blasph-aime!
Blasph-aime!
Voici un poème enfantin.
Il faut être un enfant pour blasphémer...
Et c'est l'enfant qu'on assassinerait
en voulant empêcher le blasphème!
Comme le mot "blasphème" dit
celui qui blasph-aime
aime toujours ce dont il rit.
On lui a récité des poèmes
pieux quand il était petit,
on lui a dit qu'à la messe
il mangeait et buvait Jésus,
que Marie avait été fécondée par Dieu
qu'elle resterait vierge à jamais
et qu'un ange veillait sur nos saluts.
Il est devenu grand, ce qui l'émerveillait,
ces histoires qui l'ensorcelaient,
il ne peut plus y croire, il n'y croit plus.
Mais,
voilà qu'elles hantent son imaginaire,
elle sont là comme des ombresinquiétantes ou tutélaires.
Que peut-il donc en faire,
sinon les mettreen joue, en jeu,
en rire et en jouer
pour ne pas en resterle jouet?
Maintenant qu'il est libre et grand,
et que Papa Maman
ont pour toujours fermé
leurs yeux croyants
doit-il s'agenouillerdevant?
Le voilà seul
avec cet héritage.
Dieu, s'il existe, doit aimer
qu'on le caresse et le chatouille
chacun à sa façonchacun selon ses rites,
chacun selon son rire
et selon ses leçons
plutôt que de rester soumis
à des dogmes tristes et maigres...Amour va de toute façon avec haine,
on ne peut qu'être "hainamouré" de ce qu'on aime...
Oui, vraiment, celui qui blasphème
aime d'amour ce que l'on a semé, ces graines
qui avaient germé
et qui se sont ensauvagées
malgré lui-même.
Arbres hérétiques, mutants même,
non pas muets mais murmurants...
Et promettant, si beaux, bien d'autres rêves.
Et sous lesquels s'adombre le passant.
-
Commentaires