I
Dans le silence de la nuit
petite halte.
Comme le train s’arrête
en pleine voie.
Calme réveil, très doux.
Peu d'étoiles.
Il fait un froid qui caresse,
dehors, à peine
un froid.
Tout va,
je passe,
la nuit est là.
Je respire
et le monde
aussi.
Rien de notable sauf
ceci:
Je viens d'émerger du sommeil,
je vois couler la nuit.
Je n’ai pas su ce qui m’éveille.
II
Je me dis parfois que Daesh,
c'est de vouloir qu'enfin
le désert gagne...
Comme ces enfants comblés de cadeaux
qui les négligent,
les détruisent,
préfèreraient
n'avoir rien reçu.
Nous avons trop. Sauf
de l’amour.
Il était une fois un patrimoine
si grand, si ancien,
si encombrant
qu'il prenait
toute la place
dans la tête et
sur la terre.
Il a fallu
qu'un vent,
une très grand vent
comme une main la table
vienne tout bannir, tout balayer.
Faire exploser les Bouddhas
de Damian,
et beaucoup de Kamikaze...
Le Daesh que je conte,
c'est un Daesh pour les bébés,
pour les fées et
pour les enfants
qui gazouillent, mais pas seulement.
C'est aussi un Daesh
pour les Grands.
Ceux qui préfèrent avoir tout
perdu, tout détruit
plutôt que d’être réduits
à mendier.
Mais ce que je dis tremble et
s'efface en se disant.
"Passez, passez" me disent les instants.
“Circulez, il n’y a rien à voir,
les statues seront abolies
ainsi que toutes les traces.
Demain ou même aujourd’hui.”
III
Fenêtres ouvertes sur vos vies.
Merci de vos lumières,
pour les guirlandes, les bougies,
la couleur de vos yeux,
ou celles de vos rêves.
Nous respirons même air.
La même eau nous réjouit.
Et je visite vos voyages,
vos fêtes, vos familles,
je marche en vos intimités
en me disant que nous sommes
des frères,
lointains mais des frères, des sœurs.
Pourtant.
Il y a ce silence,
je l'entends.
Il craque doucement
comme un feu flambe,
entouré d'une nuit comble d'étoiles.
IV
Un mot ne coûte
presque rien à poser
sur la page.
A peine
une larme de temps.
Aussi,
pose tes mots
l'un après l'autre
comme la pluie se pose,
goutte à goutte.
Mouille ta vie de ta mémoire.
N’oublie surtout pas
de pleurer.
J'aime énormément ce texte, c'est peu dire que de dire cela, il fait voyager.