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Par Mauron-Nouvel le 9 Mai 2017 à 09:13IJ'écris assis,d'autres, debout,d'autres encore, à genoux,n'écrivent pas mais murmurent des mots.J'écris le ventre plein,d'autres le ventre vide.D'autres, qui ont écrit, sont éventrés.Et je dis "d'autres" comme s'ils n'étaient pasmoi-même plus que moi.J'écris assis, debout et à genoux,le front ouvert, les yeux fermés.J'ai renversé ma vie sur le buvard,j'ai renversé la table sur ma vie,c'est une tache, mais leur sang ?Des fauves ont aiguisé leurs crocs.Des hommes valeureux sont morts,des femmes, des enfants alors,pourquoi pas moi ?J'ai voulu protéger mon fils,il est parti se battre,il s'est tourné vers moi et m'a traité de pleutre.Et j'ai pleuré.IIJ'ai peur qu'un jour se lèvesur mes viscères ouverts,qu'un arbre ait pris racinedans mes yeux.J'ai peur du lierre qui dévoreet se dévore de son vert,j'ai peur de l'araignée qui tisseau pancréas sa toile mauve,que mes mains gonflent et m'étranglent.J'ai peur du lézard dinosaureau fond du sombre corridor.J'ai peur de mes pas qui frottentsur l'asphalte pluvieux de la nuit.J'ai peur que mes organes tremblentet trahissent.
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Par Mauron-Nouvel le 10 Novembre 2016 à 22:25SIDERATION, DESIR, DESASTRELe désir, au sens étymologique de de-sidere (et donc de "dés-astre", l'absence de l'astre), c'est vouloir se libérer de cette pesanteur que l'astre nous impose forcément, de cette aimantation, de cet amour avec lequel la terre tient tout ce qui vit... Désirer, c’est forcément s’échapper de tout ce qui entoure de trop près, vouloir aller, toujours plus loin, plus haut. Le désir s'oppose donc à la "sidération". Être "sidéré", c'est être figé par les astres, avoir subi leur influence funeste mais, en extrapolant (si je puis dire), cela signifie rester fixé, rivé à l'astre.Aussi, partir en quête de l'inaccessible étoile, c'est forcément vouloir quitter l'orbe et l'orbite de l'astre qui nous a fait naître. Le désir c'est quand le sol vous manque, ou plutôt, c'est de vouloir danser et s'élever jusqu'aux étoiles depuis l'astre qui nous "contient" et qui nous "tient", et donc, in fine, manquer à ce sol qui manque... L'hybris de l'homme moderne est de cet ordre. Sa démesure tient à cela qu'il voudrait s'affranchir non seulement de ce qui l'a vu naître mais de ce qui l'a fait naître. Être ailleurs.Il y a une mécanique du désir qui fait qu'on aspire chaque fois à "autre chose", jusqu'à vouloir l'impossible. Il me semble que nos limites humaines et biologiques pourront être à leur tour transgressées, non pas par des êtres de chair et d'os, d'eau et de sang, mais par des machines d'électricité et de magnétisme. Elles seules sauront réaliser l’avenir infini de nos désirs.Pour ma part, s’il me faut choisir, j’admets et j’accepte ma finitude, mes limites et ma mort. Je suis solidaire de tout ce qui vit et qui doit mourir pour laisser la place à de nouveaux vivants. Mais ma part désirante voudrait être à l’infini, toujours plus, croître sans entrave. Je la connais et je l’entends, je la vois à l’œuvre dans ce que Heidegger appelait “le vouloir vouloir” et qui aujourd’hui ouvre sur une sur-humanité peut-être désirable, à coup sûr dangereuse.
QUELQUE ETRANGE AFFAIRE.Cet aujourd'hui n'est qu'une fois,aimes-en le retoursans retour,éphémère perpétuel,éternelbattement des paupièreet des jours.Le monde t'a toujours dit "Oui"à travers le regard de ta mèrequand il se posait sur toi,comme un oiseau.Si je m'envole, le sol m'appelle,il me retient ;je n'y peux rien.Je ne le voudrais pas, je l'aime,je l'étreins, il m'étreint...Je suis "géocentré"...De nulle autre contréeque la terre.Je ne saurais vivrequ'en ton sein,sur ton sein, ma mèreet parmi les vivants mes frèresmême si quelque étrange affairem'entraîne ailleurs,à m'absenter...Je suis en même tempscet animalqui flaire et fouille et fouità l'humus noir qui le nourrit,et ce rêveur qui croit et veut à l'infini...
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Par Mauron-Nouvel le 8 Novembre 2016 à 10:16Au trio TzarikTrois femmes chantent,leurs ombres dansentsur les murs, sur les pierres.Trinité fémininemais non pas de déesses,de voix.Et je suis devant elles commedevant un mont polyphonique.Plénitude et fragilité!...Et l'arrondi des crêtesa le contours des mélodies.Secrets de ce monde en relief,trois dimensions ouvrantl'espace-tempssur l'épaisseur végétaled'un versant,au plus près de l'humus, et puisau plus haut de l'arête,à contre-ciel.Et les ongles griffant le vent.Terrible tendresseque l'écorce d'un arbre,tendresse de femme,pleine,infinie comme serait un océanmais déferlant aux crêtes de Chamouse.Et les voix, son écume.Un arbre vent, vivant,ondoyantes racines au bord de cette mer.Trois sirènes ouvrantle coffre à jouet des rêves,des bibelots, des coquillages,des dentelles et des bijoux.Leurs soupirs, vagues qui déferlent,chacune au chant de la suivante...
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Par Mauron-Nouvel le 6 Novembre 2016 à 22:56Frère venu d’ailleursAvec tes mots si prochesQu’ils font mal tant ils me touchent,Tu m’as parlé tandisQue je n’attendais plus.J’avais posé le front contre une pierre.Fragile comme un œufContre sa dureté.Mais toi l’étranger,depuis l’intérieur de ma tête,Tu m’a donné ce que je n’entends plus.« Tu es vivant donc éphémère.Et pourquoi parles-tu ?Pour dire un creux.Sonne, résonne et déraisonneToi qui n’es que ce peu de tempsCar tout parle par ta personneTant que tu as ce creux dedans ».Et je pleurais en t’écoutant.
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Par Mauron-Nouvel le 2 Mars 2016 à 14:32
Tu ne cesses de crier :
"Je suis libre" ou: "Je veux l'être".
Mais apprends en premier
A quel maître
Tu te soumets
Ou tu aspires à te soumettre.
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